RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES DANS LA RÉGION D'APT
(Vaucluse)
par M. André Dumoulin
[Situé sur les bords du Calavon, affluent de la Durance, Apt était une station de la route de Cavaillon à Sisteron et la ville principale des Vulgienlcs. Ceux-ci, dont les habitats, en particulier l'important oppidum de Péreal, surveillaient le bas pays, semblent s'être tardivement groupés dans la plaine où Apt n'atteste son existence qu'à l'époque romaine, quand l'accès facilité par la création de la voie d'Arles à Milan (réparée sous Auguste) et par la construction du pont Julien, sur le Calavon, en aval, à environ 2 kilomètres d'Apt, fut à l'origine d'un marché dont l'importance paraît remonter à l'époque de César. Apt devient dès lors la capitale de la civitas Aplensium et le siège d'une colonie, Colonia Julia Apia, inscrite dans la tribu Vollinia ; son nom figure sur l'Itinéraire d'Antonin (343, 388), les Vases Apollinaires (I-IV), la Carte de Peutinger, la Nolilia Galliarum (XVI, 3), et Pline (H. n. III, 36) lui reconnaît le jus Lalii. Son sol a rendu de nombreuses inscriptions ; elles y mentionnent des qualluorviri et des aediles ; on y a trouvé des dédicaces aux déesses mères, aux Nymphes, à Jupiter conservator omnium rzrum, à Mars, à Mercure, à Mithra ; le culte officiel y est assuré par des augures, des flammes de Rome et d'Auguste, une flaminica Augustae et des seviri Augustales ; la population civile est groupée en collèges corporatifs, fabri corporaii Aptenses et socii propoli.
Aucune fouille méthodique n'a encore été tentée à Apt, mais les découvertes fortuites ont toujours été fréquentes : vestiges de constructions, d'adduction d'eau, mosaïques nombreuses. Enfin une vaste nécropole est attestée par des statues funéraires et des inscriptions, parmi lesquelles celle du monument élevé à Borysthène, le cheval d'Hadrien, dont le souvenir fut sans doute rappelé par quelque citoyen d'Apt, ancien familier de l'Empereur. Aucun monument défini n'a été remis au jour, mais les nombreux témoignages de l'importance de la ville se sont dispersés dans les collections privées ; la plus riche, la collection Garcin constitue le fonds principal du Musée, récemment créé par la Municipalité et présenté d'excellente façon par M. André Dumoulin, dont on va lire l'étude de ses dernières découvertes.
Henri Rolland.]
I. — Sépulture à inhumation du début du premier Age du Fer à Saint-Saturnin-lès-Apt
Saint-Saturnin-lès-Apt est une petite agglomération pittoresquement blottie au pied du versant méridional des Monts de Vaucluse, à 7 kilomètres au nord de la cité gallo-romaine d'Apt et voisine de l'oppidum celto-grec de
